Les cloches de Notre-Dame de Moirax

 

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Elles sont au nombre de trois: deux dans le clocher une grosse fondue en 1868 et une moyenne qui porte la date de 1844.Une troisième cloche plus petite, de 1844, dite cloche civique, est placée sur le toit, bien visible de la place. Elle était en liaison avec l’horloge pour sonner les heures.

                    

Historique des cloches

Cloches n°2 et 3.

Dans les délibérations des conseils municipaux de l’époque on trouve des traces des décisions les concernant. Le 21 septembre 1844, Monsieur le maire a exposé que « la refonte des deux cloches est indispensable, l’une pour l’horloge et l’autre pour la sonnée du service du culte.» Comme « la commune ne pouvait subvenir à cette dépense avec ses ressources ordinaires » le conseil municipal a voté « une imposition extraordinaire de trois mille francs à répartir sur trois années. » Le 21 septembre « le sieur Perret fondeur des deux cloches […] demande un acompte de mille francs pour subvenir aux besoins des premières dépenses. » Effectivement le nom du fondeur, fondu dans la masse, est visible sur les deux cloches.

 

Cloche n° 1.

Une délibération du conseil municipal du 4 juin 1851 nous apprend qu’une cloche est fêlée et qu’une lettre du Préfet a demandé au conseil municipal de voter des fonds pour qu’elle soit refondue. Il fut décidé :

1)      « Une somme de cent vingt francs sera payée au fondeur pour solde de la fonte d’une nouvelle cloche qui sera du même poids que celle qui est fêlée. Il s’engagera d’en répondre pendant cinq ans et la dite somme vôtée (sic) ne lui sera comptée qu’à cette épôque (sic) et sans intérêts. Tous les frais de transport jusqu’à Agen aller et venir seront a (sic) sa charge.

2)      Une somme de cent francs sera mise à la disposition de Monsieur le Maire pour faire face aux dépenses nécessitées tant par la décente (sic)  que par la remise en place de la nouvelle cloche. »

Les conseillers municipaux présents ont apposé leur signature : Vidau, Dumas, Dayriès, Lanelongue, Larrieu, Barbary, Dupuy, Brondeau, Lajouanie.

Rebondissement de l’affaire :

Au conseil municipal du 3 août de la même année, 1851, Monsieur le Maire expose que le fondeur M. Perret « a absolument exigé que la somme allouée exigible dans cinq ans, lui portât intérêt au taux légal. Monsieur le Maire a cru devoir y consentir.

Deuxièmement : Mr le fondeur s’était engagé par police à donner à la nouvelle cloche un poids aussi rapproché que possible de celui de l’ancienne, ses prévisions ont été dépassées : l’ancienne cloche pesait sept cent soixante kilos, la nouvelle en pèse huit cent soixante dix. Ainsi c’est un excédant de cent dix kilos qui à trois francs trente centimes font une somme de trois cents soixante trois francs dont la commune est débitrice en plus envers le fondeur. »

Le conseil municipal « après avoir examiné la cloche dont la beauté du son est remarquable » a décidé de payer « l’intérêt des cent vingt francs ainsi que les 363 francs, montant de l’excédant du poids. »

 

Description des cloches

LA CLOCHE N°1

La plus grosse des deux cloches qui se trouvent dans le clocher de Notre-Dame de Moirax, a été refondue en 1868. Elle a un diamètre de 115cm. Elle porte sur la panse cette inscription en bas-latin:

ANNO DOMINI MDCCCLXVIII

DEDICATA SUM

ECCLESIAEQUE NOSTRŒ DOMINŒ

DE MOYRACO

ADDICTA

J.TH GABORIAL PAROCHO

Ce qui signifie : l’an 1868, j’ai été consacrée en l’église Notre Dame de Moirax, dirigée par l’abbé J.TH Gaborial.

Un texte de l’abbé Serret indique qu’elle pesait « vingt quintaux» soit 2 tonnes.

 La plus grosse cloche

Une délibération du conseil municipal du 17 mai 1868 mentionne que « le conseil de fabrique de l’église de Moirax » constate que « la grande cloche est entièrement fêlée et que sa refonte immédiate est tout à fait indispensable » et décide  « d’imposer extraordinairement la commune d’une somme de quinze cent francs… »

Mais on apprend aussi qu’au 1er janvier 1868, M. DESALOS, conseiller municipal, «  a cédé à la commune la somme de quinze cent francs pour la refonte de la cloche annuité qui lui était due et qu’il ne touchera que le 1er janvier 1872 » en conséquence, le conseil municipal a donné son accord pour « payer au Sieur Desalos l’intérêt de cette somme qui se monte à soixante quinze francs. »

Dans la tradition chrétienne, depuis le XIe siècle, c’est une coutume de consacrer les cloches lors d’une cérémonie semblable à un baptême avec eau bénite, linge pour l’essuyer, sel, huile sainte, chrême. On attribuait à la nouvelle cloche un nom et un parrain. On mentionnait le baptême dans le registre paroissial. Ainsi on peut lire sur la panse de cette même cloche :

JOUANNA NOMINOR

PATRINUM HABUI D. HENRICUM DE BRONDEAU

MATRINAMQUE D. JOANNAM LANELONGUE

Je m’appelle Jouanna, j’ai eu un parrain M. Henri de Brondeau et une marraine Dame Joanna Lanelongue.

On sait aussi que le fondeur fut un certain Jean- Baptiste DUPONT de Tarbes, il a fondu plusieurs cloches d’église en Aquitaine :

TARBAE

CURANTE J.BTA DUPONT

FUSA SUM

Une troisième inscription orne la panse de cette cloche :

DEUM LAUDO PLEBEM VOCO

DEFUNCTOS PLORO DEMONES FUGO

FESTA DECORO

Je célèbre Dieu, j’appelle le peuple, je pleure les défunts, je fais fuir les démons, j’embellis les fêtes.

On retrouve cette inscription sur de nombreuses cloches, plus anciennes. Mais on y lit « PESTEM FUGO » à la place de DEMONES FUGO, signe des temps : au XIXe siècle les populations ne craignaient plus la peste.La plus grosse cloche ornée de rinceaux

Enfin sur le cordon, on peut lire, sur la première ligne, les noms des administrateurs du conseil de fabrique : DE BRONDEAU, président, DUPUY, LARRIEU, LANELONGUE, et sur la deuxième, les noms des membres du conseil municipal bienfaiteurs : DESCOMPS, maire, LANELONGUE,  DE BRONDEAU, DUPUY, LARRIEU, DURAND, DAYRIES, DESALOS, DUMAS, LAJOUANNIE, MAUROUX, RICHARD.

La partie haute de la cloche, le cerveau, est finement décorée de rinceaux et de palmettes.

 

LA CLOCHE N°2

La deuxième cloche sonne les heures. Elle a un diamètre de 90cm.

Le cerveau est décoré d’une guirlande de feuilles de laurier et porte l’inscription suivante sur 3 lignes:

ANNO AB INCARN DNI 1844 SUB TITULO ST EUTROPII DEDICATA SUM PATRINUM HABUI JOANNEM FRANCISCUM ERNEST DE BRONDEAU

 

MATRINAMQUE ELISABETE DUBERNET NATALIBUS DELARD † DD. JOANNE PASCALIE HUJUS SANCTAE ECCLESIÆ VULGO DE MOIRAX

 

PAROCHO DESSOLIES MAGISTRATU CIVILI VIDAU PRESIDE LANELONGUE DESCOMPS DUPUY COUACH RERUM ECCLESIÆ ADMINISTRATORIBUS

Les inscriptions de la cloche n° 2

LA CLOCHE N°3

Elle placée sur le toit au-dessus de l’horloge de façade, elle était en liaison avec celle-ci, le mécanisme est encore visible dans les combles. C’est la cloche civile, elle porte donc une inscription en français :

J’AI ETE FAITE PAROISSIENNE DE MOIRAX PAR Mr DESSOLIES MAIRE ET PAR LES HABITANTS DE CETTE COMMUNE EN L’AN 1844

Ces trois cloches sont des témoins de l’histoire et de la pérennité de Moirax et méritent notre attention. Ce sont des œuvres d’art uniques parce que le moule a été brisé après la fonte pour dégager la cloche, mais aussi parce que les inscriptions et les décors figurant sur chaque cloche lui sont spécifiques.

 

 

Cloche n°1

Cloche n° 2

Cloche de l’horloge

Année

1868

1844

1844

Fondeur

Jean -Baptiste DUPONT

de Tarbes

Jean-Baptiste PERRET*

À Breuvannes Haute Marne

JB Perret

Diamètre

115 cm

90 cm

 

Epaisseur

8,4 cm

5,9cm

 

Profil

moyen

léger

 

Poids

Estimée par l’abbé Serret**: 20 quintaux (2 tonnes)

870 kg d’après un texte de délibération du conseil municipal du 3 août 1851***

 

Note

Sol# (?)

La

 

 

*Jean Baptiste Perret né à Damblain le 20 février 1796. Il apprit le métier auprès de son beau-frère François Dechaune à Breuvannes où il s'installa. Pendant 40 ans il fut, soit seul soit avec son fils Jules né à Breuvannes, ambulant dans les Landes, le Lot, le Tarn et Garonne, le Gers, où il créa sa fonderie en 1844 à Auch. Il a fondu les cloches des cathédrales de Montauban, d'Agen, d'Auch. Il est mort à Breuvannes le 6 juin 1857.

**Abbé E.G. SERRET, Monographie de l’église Notre-Dame de Moirax, 1889

***: « Mr le fondeur s’était engagé par police à donner à la nouvelle cloche un poids aussi rapproché que possible de celui de l’ancienne, ses prévisions ont été dépassées : l’ancienne cloche pesait sept cent soixante kilos, la nouvelle en pèse huit cent soixante dix. Ainsi c’est un excédant de cent dix kilos qui à trois francs trente centimes font une somme de trois cents soixante trois francs dont la commune est débitrice en plus envers le fondeur. »

 

Documents et photos de Mariette SEMELIN   m.semelin@wanadoo.fr

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