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Jegun de Marans

Un illustre-inconnu, Moiracais d’adoption.

Il est né en 1794 à Estillac, et il a vécu 20 ans sur la commune de Moirax au lieu-dit Reignac. Il était botaniste, dessinateur et aquarelliste de planches botaniques, il repose  au cimetière de Moirax, depuis 1859. Sur sa tombe on peut lire :

Antoine Louis-Georges Jegun de Marans, dans la science Louis de Brondeau,  1794 - 1859

« Bienheureux ceux qui sont doux et humbles de cœur ! »

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Ce que nous savons de lui, nous le tenons d’un petit livret de quelques pages écrit en 1862, par Jean-Baptiste Noulet, chercheur toulousain, paléontologue et botaniste, qui eut la chance d’hériter de la bibliothèque personnelle et des notes de recherche de Louis de Brondeau. Il dit de lui qu’il fut « un des premiers peintres de l’histoire naturelle de notre pays et de notre temps. »

Passionné de botanique, il a passé sa vie à observer, dessiner, peindre les plantes. On sait peu de choses de lui : pas de portrait, peu d’écrits. On sait  qu’il était boiteux depuis son enfance mais de constitution robuste, et comme il se déplaçait avec un peu de difficulté, il allait herboriser, monté sur un poney « qu’il avait su rendre quelque peu botaniste » !

Sa mère Mme Jegun épousa en 1806 De Brondeau, propriétaire du château d’Estillac, et Antoine-Louis-Georges Jegun de Marans  devint Louis de Brondeau. Il fit ses études à Agen et se découvrit un goût précoce pour l’histoire naturelle et se spécialisa dans la cryptogamie (étude des champignons). Il  passa la majeure partie de sa vie au château, jusqu’à la mort de sa mère, date à laquelle il vint s’installer, avec son épouse,  au domaine de « Raignac », aujourd’hui Reignac, à mi-chemin entre Estillac et l’église de Moirax « qu’il aimait en artiste et en chrétien. » Il y fit bâtir une maison, il y planta des arbres. Il y passa le restant de ses jours à étudier et répertorier les plantes, en les observant à la loupe et au microscope . Il y menait une vie solitaire, dans une retraite absolue qui lui plaisait, avec de modestes besoins. Il ne se préoccupait pas de gloire,  les satisfactions de ses découvertes lui suffisaient.

En son temps, il eut la reconnaissance de ses confrères puisqu’en 1821 l’illustre agenais le comte de Lacépède qui patronnait la Société Linnéenne de Paris, lui permit d’en devenir un membre actif. Louis de Brondeau ne  rencontra pas  ses collègues, - les voyages n’étaient pas faciles à cette époque-  il entretenait de longues correspondances avec eux. Ainsi, on sait qu’il contribua à La Flore Agenaise de M. de Saint-Amans*.

Dans cet ouvrage collectif, certaines planches sont signées des noms de Saint-Amans et de Chaubard ,  d’autres sont anonymes. Aucune ne porte le nom de Louis de Brondeau. Connaissant sa modestie, on peut imaginer que les planches sans signature sont de sa plume et de son pinceau.

En 1828, Louis  Brondeau compléta cette Flore par un ouvrage personnel : Recueil de plantes cryptogames de l’Agenais, nouvelles, rares ou peu connues, où il a répertorié et dessiné 15 espèces de champignons, dont la Morille des serres.

Il fait partie des chercheurs silencieux qui travaillent dans l’ombre et font avancer la connaissance du monde.

La ville d’Agen a voulu garder la mémoire de ce personnage attachant en donnant son nom :  Jegun de Marans à une rue qui longe l’église du Sacré-Cœur,              Moirax se doit bien d’avoir aussi sa rue, sa place ou une salle dédiée à  Jegun de Marans, le paisible botaniste, peintre de fleurs et de plantes.

Estillac eut un Blaise de Monluc, homme de guerre, et un paisible botaniste,  Jegun de Marans dit Louis de Brondeau. La commune de Moirax  gardera-t-elle la mémoire du nom du deuxième ?003

 

*La Flore agenaise ou description méthodique des plantes observées dans le département de Lot-et-Garonne est consultable à la Bibliothèque municipale d’Agen et sur books-google.

 

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